L'habitat social, une réponse majeure à la
crise !
Les grandes campagnes
électorales, lorsqu'elles se jouent dans des périodes
socio-économiques difficiles et incertaines, exacerbent les
inquiétudes et les opinions critiques dans la population. Les
Français savent bien qu'en de telles occasions, leurs désirs ou
leurs mécontentements sont mieux écoutés.
Le deuxième baromètre
annuel que le Mouvement Hlm a présenté en avril 2012 sur le
logement social n'échappe pas à cette règle. Les bons résultats
enregistrés en 2011 par la première enquête sur l'image et la
qualité globale des logements sociaux se sont en effet dégradés,
alors que, dans la réalité l'état du parc Hlm n'a été d'aucune
façon altéré un an plus tard. En revanche, la peur du déclassement
social et la crise généralisée du logement soutiennent à
l'évidence une perception globalement plus négative de la situation
du logement en France.
L'enseignement majeur de
ce baromètre, compte tenu de la période où il nous arrive, c'est
ailleurs qu'il faut aller le chercher : dans le message politique
fort que la population, dans son ensemble, exprime en faveur du
logement social. Celui-ci, on le voit bien, n'est pas considéré
comme une variable d'ajustement marginale mais bien comme un pan
majeur de l'offre résidentielle, et plus largement sociale, du pays.
Comment en serait-il d'ailleurs autrement quand on sait qu'en France
10 millions de locataires résident en Hlm, et que la précarisation
de beaucoup de ménages, y compris parmi les professions
intermédiaires, en raison d'un coût prohibitif des loyers dans les
grandes agglomérations, s'accompagne de centaines de milliers de
demandes non satisfaites.
Le logement cristallise
beaucoup des préoccupations de la population. Pour la très grande
majorité, c'est de loin la première dépense du foyer et il impacte
donc fortement le pouvoir d'achat des ménages. L'habitat, c'est
aussi un cadre de vie dans lequel se joue l'épanouissement social et
culturel des individus et des familles. C'est enfin le lieu à partir
duquel se vit l'appartenance à la Cité, au vivre ensemble, au pacte
républicain et à ses valeurs. Tout cela est très loin d'être
anodin.
Ce baromètre 2012 révèle
clairement une demande citoyenne : les Français veulent plus de
logement social, pour un logement plus solidaire, une société plus
mixte et plus juste. Les Français plébiscitent la construction de
logements sociaux, bien avant l'accès à la propriété et le
développement de l'offre locative privée. Pour 91% des sondés,
construire davantage de logements sociaux est une priorité. 80 %
estiment qu'il n'y a pas assez de logements sociaux en France, et une
personne sur deux considèrent qu'il n'y en a pas assez dans sa
propre commune. On est loin des caricatures du Français égoïste
qui veut bien des Hlm partout, sauf à côté de chez lui !
Pour 70% des Français,
les responsables politiques ont les moyens d'améliorer les choses.
Ces attentes s'expriment à l'attention des pouvoirs publics et, bien
sûr, vers le futur Président de la République. Celui-ci devra
prioritairement limiter les niveaux des loyers, priorité n°1 pour
47% des sondés. Il devra en outre résoudre le problème de l'offre
et de l'accès pour mieux répondre à la demande de logement.
Faciliter l'obtention de Hlm, augmenter l'offre disponible, favoriser
une réponse solidaire envers les populations les plus fragiles :
pour un tiers d'entre eux, les Français attendent des actes de leur
Président sur ces questions.
En affirmant ne pas
vouloir spécialiser le logement social dans l'accueil des plus
pauvres, les Français confirment enfin, dans ce baromètre 2012,
leur choix de société. Ils s'opposent à une vision "résiduelle"
du logement social qui devrait se concentrer exclusivement sur
l'accueil des plus démunis. 80% de la population réaffirme son
attachement au renforcement de la mixité, comprise de 3 façons :
urbaine d'abord, puisque 86% des personnes interrogées veulent que
les logements soient répartis sur l'ensemble du territoire de la
commune ; sociale ensuite, en souhaitant des attributions à de plus
larges catégories sociales ; culturelle enfin, en prenant acte à
55% que les organismes évitent toute discrimination dans
l'attribution des logements.
Bien que les Français
trouvent encore timide le traitement de ce thème dans la campagne
présidentielle (71% jugent que les candidats n'y accordent pas une
place assez importante), il est indéniablement plus présent qu'en
2007. Quel que soit le résultat des urnes, il est fondamental pour
le pacte républicain que le logement social reste un sujet de
mobilisation politique.
Thierry Bert, délégué
général de l'Union sociale pour l'habitat
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